đ Le suivi de carriĂšre des salariĂ©s a toujours souffert du manque - voir de lâabsence - de traçabilitĂ© des formations. A lâheure des changements rĂ©guliers dâentreprises, le passeport prĂ©vention devient un vrai atout : âą Pour le salariĂ©, qui aura moins de difficultĂ©s Ă suivre et faire valoir son parcours de formation, âą Pour lâemployeur, lors de lâembauche, mais aussi dans le suivi de ses salariĂ©s. âïžMais, la crĂ©ation de ce passeport et l'implication nĂ©cessaire des salariĂ©s dans le suivi de leur parcours de formation ne pourrait-il pas voir s'Ă©toffer un contentieux liĂ© Ă l'obligation de formation et de maintien dans l'emploi des employeurs, encore pourtant mal maitrisĂ© notamment dans les structures moins importantes ? Le doute est plus que permisâŠ
Ce passeport prĂ©vention, qui sera mis en place au plus tard le 1er octobre 2022, retracera toutes les attestations, certificats et diplĂŽmes obtenus par le travailleur dans le cadre des formations relatives Ă la santĂ© et Ă la sĂ©curitĂ© au travail dispensĂ©es Ă lâinitiative de lâemployeur ou quâil a suivi de sa propre initiative. Il a pour principal intĂ©rĂȘt d'Ă©viter les formations surabondantes et parfois mĂȘme redondantes. Ce dernier sera intĂ©grĂ© dans le passeport d'orientation, de formation et de compĂ©tences, si le salariĂ© ou demandeur d'emploi en possĂšde un. Pour rappel, chaque titulaire d'un compte CPF peut disposer de ce compte, retraçant les formations er les qualifications suivies dans le cadre de la formation initiale ou continue ainsi que les acquis de lâexpĂ©rience professionnelle (article L. 6323-8 du code du travail). Le passeport prĂ©vention viendra renforcer, et mĂȘme clairement dans la plupart des cas crĂ©er une traçabilitĂ© des formations liĂ©es Ă la santĂ© et la sĂ©curitĂ© au travail suivies par les salariĂ©s tout au long de leurs carriĂšres. Combien de mes clients prĂ©fĂšrent faire repasser des formations, notamment les CACES, car les collaborateurs embauchĂ©s ne disposent pas des justificatifs⊠Dans le quotidien de l'entreprise, ce passeport permettra par exemple Ă lâemployeur de tracer certaines de ces obligations lĂ©gales, relatives la santĂ© au travail, mais plus gĂ©nĂ©ralement liĂ©es Ă ses ressources humaines : âą les formations inscrites dans le plan dâaction du Document unique dâĂ©valuation des risques, âą Les formations rĂ©alisĂ©es dans le cadre de la dĂ©marche GPEC. Les modalitĂ©s de mise en Ćuvre du passeport de prĂ©vention et de sa mise Ă la disposition de l'employeur seront dĂ©terminĂ©es par le comitĂ© national de prĂ©vention et de santĂ© au travail et approuvĂ©es par voie rĂ©glementaire. En l'absence de dĂ©cision du comitĂ© Ă l'issue d'un dĂ©lai de six mois Ă compter de la publication du dĂ©cret en Conseil d'Etat prĂ©vu au dernier alinĂ©a de l'article L. 4641-2-1, ces modalitĂ©s seront dĂ©terminĂ©es par dĂ©cret en Conseil d'Etat. Le comitĂ© national de prĂ©vention et de santĂ© au travail assurera Ă©galement le suivi du dĂ©ploiement du passeport de prĂ©vention. Clairement, ces avantages ont aussi leur lot de « potentiels » inconvĂ©nients⊠mais lorsque jâai pu entendre lors des dĂ©bats quâil sâagissait dâun recul pour la prĂ©ventionâŠ. Permettez-moi dâen douter, mĂȘme si, nĂ©cessairement, les dĂ©rives peuvent vite pointer le bout de leur nez. Entendons-nous bien : l'employeur ne pourra pas seulement s'appuyer sur la mise en place des formations et le passeport dĂ©tenu par ces derniers pour s'exonĂ©rer de sa responsabilitĂ© en cas d'accident. Ce passeport prĂ©vention ne devra pas faire oublier la place importante de lâorganisation du travail pour que la santĂ© et la sĂ©curitĂ© soit prĂ©servĂ©e⊠Vers une hausse du contentieux liĂ© Ă l'obligation de formation de l'employeur ? Sâil ne sâagit pas dâun recul pour la prĂ©vention, espĂ©rons quâil nâen sera pas un pour lâemploi de ceux dont les employeurs successifs auront Ă©tĂ© moins vigilants quant Ă la formation de leur collaborateurs. Et nĂ©cessairement, un contentieux pourrait voir le jour, avec la prise de conscience pour les salariĂ©s de lâobligation de formation dont dispose lâemployeur et de la quantitĂ© de formations obligatoires, surtout en matiĂšre de santĂ© et sĂ©curitĂ©. Pour rappel, tout employeur doit assurer lâadaptation des salariĂ©s Ă leur poste de travail et doit veiller au maintien de leur capacitĂ© Ă occuper un emploi, au regard notamment de lâĂ©volution des emplois, des technologies et des organisations et mĂȘme si ceux-ci ne demandent pas Ă bĂ©nĂ©ficier de formations. La position de la Cour de cassation est constante sur le sujet : âą L'absence totale de formation pendant une longue pĂ©riode constitue un manquement de l'employeur Ă ses obligations, âą L'absence de sollicitation du salariĂ© n'exonĂšre pas l'employeur de l'obligation de formation qui lui incombe, et qui relĂšve de sa seule initiative. Le salariĂ© auquel il sera opposĂ© son manque de formation pourra vouloir engager la responsabilitĂ© de son/ses prĂ©cĂ©dents employeurs. DerriĂšre cette obligation se cache tout un pan de la gestion des ressources humaines : âą L'obligation d'accueil (et de formation au poste de travail) âą La GPEC âą Le parcours d'entretien professionnels obligatoires, âą La gestion des mesures de prĂ©vention liĂ©es au DUERP, âą Les AT/MPâŠ
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